Suspension de l’AMM du modafinil dans les indications d’hypersomnies idiopathiques, de somnolence diurne excessive liée aux SAOS et de troubles liés aux changements de rythme de travail recommandée par l’EMA.
Le Comité des médicaments à usage humain (CMUH) de L’Agence Européenne du Médicament (EMA) a estimé que le ratio coût/bénéfice de l’usage du modafinil, s’il est positif dans le traitement de la narcolepsie ne l’est pas de façon évidente dans ses autres indications. Cette instance a jugé en effet que le risque de développer des effets secondaires comme des réactions cutanées d’hypersensibilité et des troubles neuropsychiatriques s’avérait supérieur aux preuves d’une efficacité clinique patente.
Pour cette raison, la suspension de l’autorisation de mise sur le marché du produit dans les indications d’hypersomnies idiopathiques, de somnolence diurne excessive liée aux syndrome d’apnée obstructive du sommeil et de troubles liés aux changements de rythme de travail, a ainsi été recommandée par l’EMA de même notamment que la contre-indication du modafinil chez les patients atteints d’une hypertension modérée à sévère non contrôlée ou d’arythmie cardiaque.
Indications de l’AMM Rappelons succinctement les indications de l’AMM et les exigences diagnostiques toujours en vigueur en France : (AMM du 24 juin 1992, modifiée le 31 mai 1995 et le 24 février 1999) *Narcolepsie avec ou sans cataplexie.* Dans les formes typiques de narcolepsie avec cataplexie, le diagnostic est clinique. Dans les formes atypiques de narcolepsie, le diagnostic clinique doit être confirmé par :
un enregistrement polysomnographique du sommeil (EPS) au minimum de nuit ou sur 24 heures (à l’hôpital ou en ambulatoire avec un système Holter) ;
un test itératif de latence d’endormissement (TILE), réalisés par un centre d’exploration du sommeil.
Pathologies du sommeil et de la veille et conduite automobile Arrêté du 31 aout 2010 fixant la liste des affections médicales incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire ou pouvant donner lieu à la délivrance de permis de conduire de durée de validité limitée.
Cet arrêté stipule notamment que la somnolence excessive d’origine comportementale, organique, psychiatrique ou iatrogène et l’Insomnie d’origine comportementale, organique, psychiatrique ou iatrogène entraînant une somnolence excessive font partie des affections de classe IV « pouvant exposer un candidat ou conducteur, à la délivrance ou au renouvellement d’un permis de conduire, à une défaillance d’ordre neurologique ou psychiatrique de nature à provoquer une altération subite des fonctions cérébrales constituent un danger pour la sécurité routière. »
Vers un algorithme strict de diagnostic et de suivi
Cette suspension de l’AMM du modafinil pour les pathologies citées plus haut pose donc un double problème : thérapeutique puisque des alternatives probantes n’existent pas en remplacement de la prescription de modafinil et légal, en vertu de l’arrêté du 31 août 2010 modifiant l’arrêté du 21 décembre 2005 puisque les patients privés de modafinil le seront aussi de facto de la possibilité de conduire.
Cependant les autorités sont conscientes des problèmes posés. Aussi l’AFSSAPS prévoit-elle d’organiser une réunion avec les centres de référence pour mettre sur pied une étude clinique. En attendant, il est recommandé que les patients soient suivis par les centres de référence/compétence qui pourront mettre en œuvre la meilleure prise en charge thérapeutique au cas par cas. Indépendamment des actions et de la posologie, le résumé des caractéristiques du produit (RPC) a été modifié afin d’améliorer la sécurité du patient. S’agissant de la prescription hors AMM, le RPC validé par les autorités sanitaires constitue un référentiel scientifique pour les professionnels de santé qui ne saurait pour autant leur être opposable. Il existe cependant des limites à cette liberté de prescription notamment lorsque l’AMM soumet le médicament à prescription restreinte. Ainsi la prescription annuelle initiale de modafinil est réservée est réservée aux spécialistes en neurologie et/ou aux services spécialisés en neurologie, et aux médecins exerçant dans les centres du sommeil. Une prescription initiale dans un centre de référence est recommandée.
Le protocole de suivi global inclut une évaluation/gestion des risques encourus :
Le modafinil ne doit pas être utilisé :
*Chez les patients présentant une hypertension non contrôlée ou une arythmie cardiaque
*Chez les femmes allaitantes
*Le modafinil n’est pas recommandé pour les enfants
*Le modafinil doit être interrompu et non repris en cas de :
Réactions cutanées sévères ou réaction d’hypersensibilité
Troubles psychiatriques tels que les idées suicidaires
Prévention des risques cardiovasculaires :
*Un électrocardiogramme (ECG) doit être effectué avant toute instauration de traitement par le modafinil.
*La fonction vasculaire, en particulier la pression artérielle et le rythme cardiaque, doivent être régulièrement surveillés.
*La dose initiale recommandée est de 200 mg par jour.
De plus, le modafinil doit être utilisé avec prudence chez les patients ayant des antécédents :
*de psychose, de dépression ou de manie
*d’alcoolisme, de toxicomanie
Le service d’information Médicale des laboratoires Céphalon est à votre disposition pour toute information complémentaire au 01 49 81 81 81. Une fois de plus, tout effet indésirable grave ou inattendu doit être signalé au Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV) dont vous dépendez et dont les coordonnées sont disponibles sur le site de l’Afssaps www.afssaps.sante.fr, ou dans le dictionnaire VIDAL.
Pour aller plus loin :
Le communiqué de presse figure sur le site de l’AFSSAPS qui précise ces nouvelles recommandations et leurs tenants (26/07/2010) : http://www.afssaps.fr/Infos-de-secu…
Restriction des indications du modafinil (MODIODAL 100 mg, comprimé) (16/03/2011)
http://www.afssaps.fr/var/afssaps_s…
Restriction des indications du modafinil (Modiodal 100 mg, comprimé) – Lettre aux professionnels de santé (16/03/2011)
http://www.afssaps.fr/Infos-de-secu…
Arrêté du 31 août 2010 modifiant l’arrêté du 21 décembre 2005 fixant la liste des affections médicales incompatibles avec l’obtention ou le maintien du permis de conduire ou pouvant donner lieu à la délivrance de permis de conduire de durée de validité limitée.http://textes.droit.org/JORF/2010/0…
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